Laiterie Charlevoix. L’humain, la gastronomie et la nature au coeur des affaires

Chemise de chasse, casquette, lunettes fumées, ton amical : Philippe Labbé n’a rien d’un homme d’affaires ordinaire. Le jeune homme, après avoir évolué quelques années dans le monde de la représentation médicale, effectue un retour dans l’entreprise familiale en 2012. Aujourd’hui directeur du développement des affaires, Philippe est un digne représentant de la quatrième génération de Labbé, famille à qui l’on doit la création d’un pilier de la gastronomie charlevoisienne : la Laiterie Charlevoix. L’équipe de Dinette est allée à sa rencontre. Un reportage réalisé en collaboration avec Fromages d’ici.

PHILIPPE LABBÉ, DE LA FORÊT À LA VILLE

Fils des montagnes et des rivières charlevoisiennes, Philippe a grandi entouré de nature, dans un environnement propice à la chasse et à la pêche. Sur toutes les photos récentes qui le représentent, on peut l’apercevoir armé d’une canne à mouche ou d’une carabine, agenouillé au sol ou dans l’eau, près d’un saumon ou d’un orignal. C’est là, entre la nature sauvage et les quartiers de la laiterie familiale, que le petit Philippe développe son amour pour les saveurs du terroir. Et qui dit saveur du terroir dit gastronomie québécoise. Depuis qu’il occupe le poste de directeur du développement des affaires, Philippe adopte une stratégie d’affaire qui n’en est pas réellement une : entretenir des relations d’amitié avec les artisanes et les artisans de la gastronomie québécoise, basées sur l’amour de la nature et de la cuisine. Avez-vous déjà fait un meeting client les deux pieds dans une rivière à saumon ou autour d’un banquet forestier près d’un feu de camp? Il paraît que la confiance et le respect mutuel s’y épanouissent instantanément. C’est comme ça, en faisant preuve d’écoute et de gentillesse, que Philippe tisse des relations privilégiées.

Mais il n’y a pas que la charmante personnalité de Philippe qui contribue au succès de la Laiterie Charlevoix. Peu d’entreprises familiales peuvent se vanter d’être à la fois productrices d’une douzaine de fromages fins et distributrices d’une centaine d’autres. « En étant à la fois producteur et distributeur à la grandeur du pays, on est vraiment à l’affût des tendances et des manques dans le domaine. Si notre clientèle démontre un besoin particulier, on peut soit produire ce fromage, soit en commander la confection. » Une approche humaine qui semble servir la famille Labbé à merveille, tout comme l’entièreté de sa philosophie d’affaires.

L’ENVIRONNEMENT AU CŒUR DES AFFAIRES

Avec ses trois usines, son centre de distribution montréalais, son comptoir à l’Économusée du fromage et maintenant une boutique et une « dînette » au Grand Marché de Québec, Philippe est à se demander si la Laiterie Charlevoix prend toutes les mesures possibles pour minimiser l’impact environnemental de ses activités. Avec un amoureux de la nature à la tête du développement des affaires, il serait surprenant d’obtenir une réponse négative à cette question. Philippe s’exclame : « On est fiers d’être des leaders de la biométhanisation et la phytoépuration. Il y a deux ingénieurs dans la famille, ça aide! Notre système de traitement des eaux usées est super efficace. L’eau qui sort de là est ultra propre. »

En effet, les Labbé ne se limitent pas à promouvoir le terroir charlevoisien et l’amour du bon fromage. Au cœur de cette entreprise d’exception, on traite les eaux usées et les rejets de production – comme le lactosérum – à l’aide d’un procédé de biométhanisation, suivi d’un traitement d’épuration par les plantes. Grosso modo, la biométhanisation est un procédé sans oxygène qui traite les matières organiques pour en extraire du gaz riche en méthane. Ce gaz, appelé biométhane, est ensuite envoyé dans un circuit fermé qui permet de chauffer les installations de la Laiterie, permettant d’économiser les milliers de litres de mazout qui auraient normalement été utilisés annuellement.

En plus du biométhane, le procédé rejette un digestat (résidus solides ou liquides contenant de la matière fertilisante) qui passe par un processus de phytoépuration avant d’être retourné à la nature, soit sous forme d’eau limpide ou de boue fertilisante. Cette gestion exemplaire des déchets permet à Philippe et à son équipe de contribuer à la préservation de Charlevoix, désignée Région de la biosphère par l’UNESCO en 1988.

LA PETITE HISTOIRE DES LABBÉ

L’histoire commence en 1948 alors que Stanislas Labbé et Elmina Fortin font l’acquisition d’une petite laiterie et d’un troupeau de vaches laitières. Le couple, en plus de transformer son propre lait, achète celui de tous les producteurs environnants et en assure la manutention et la distribution. Vers 1953, la « run de lait » s’étend de Tadoussac à Baie-Comeau. À cette époque, les Labbé produisent et distribuent aussi des fromages d’inspiration britannique.

C’est dans les décennies suivantes que la Laiterie Charlevoix délaisse l’embouteillage du lait pour se consacrer au développement de fromages et à la distribution de produits laitiers. Le fromage en grains, très populaire, se vend très bien le long de la route 138 empruntée par les camions de livraison. Dans les années 90, les Labbé s’initient à la fabrication de fromages fins. C’est alors que le Migneron de Charlevoix, élaboré en collaboration avec la maison d’affinage Maurice Dufour, fait son apparition dans le paysage culinaire. Pendant les quelque 20 années qui suivront, la Laiterie Charlevoix ne cessera de développer de nouveaux produits et de mettre en valeur le terroir charlevoisien.

Mais c’est en 2014, après le retour de Philippe au sein de l’équipe, que l’entreprise emprunte un tout nouveau chemin en faisant l’acquisition d’Aux Terroirs, la maison de distribution de la fromagerie Atwater à Montréal. Cette époque marque le début d’une expansion pancanadienne pour les fromages fabriqués et représentés par la Laiterie Charlevoix.

ET L’AVENIR, DANS TOUT ÇA ?

L’avenir semble lumineux pour Philippe et ses associés. « On va continuer de miser sur notre implication dans la communauté et on va se concentrer sur le volet détail auprès des restaurateurs et des fromagers. Quand j’étais petit et que j’aidais mon père et mes oncles à la laiterie, je n’avais pas l’impression de travailler. Pour moi, c’était comme des vacances! Et j’aimerais pouvoir continuer à m’amuser et à tisser des amitiés. » Nous souhaitons à toute l’équipe de la Laiterie Charlevoix de continuer d’évoluer dans le respect du terroir, de l’humain et de la nature. Et à toi, cher Philippe, nous te souhaitons encore plein de rencontres d’affaire en pleine forêt, à pêcher, à rire et à discuter en mangeant ton fromage préféré, le 1608 de Charlevoix.

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