Aloe vera

L’hiver tire à sa fin, mais les temps sont encore terriblement froids. La neige fraîchement tombée craque sous nos bottes tandis que nous marchons en direction des serres de NorAloe, producteur d’aloe vera biologique sans pesticides ni herbicides. Entourées de nature transie, nous avons de la difficulté à imaginer qu’une plante originaire des pays du Sud puisse s’épanouir ici. Trois gros chiens viennent nous accueillir en courant, suivis de deux hommes souriants. Le fondateur de NorAloe, Ronaldo, est là pour nous faire découvrir le fruit de 25 années de travail en famille.

Il existe une tradition guatémaltèque qui consiste à suspendre des plants d’aloe vera près des portes d’entrée, avec un ruban, pour porter chance. Au Guatemala, on retrouve aussi de cette plante dans tous les jardins.

Le père de Ronaldo s’adonnait déjà à la culture d’aloe vera depuis plusieurs années avant qu’il ne quitte le pays avec sa famille pour venir s’installer ici en 1989. L’entreprise familiale avait pris racine grâce à la renaissance, puis la reproduction, d’une plante quasi morte. Ronaldo, qui a pris la relève de son père il y a environ quatre ans, nous confie qu’avec un peu d’amour et des bonnes conditions, même les plants d’aloe vera les plus en détresse reprendront toujours vie. L’entreprise familiale était jusque-là axée sur la vente d’aloe vera comme plante ornementale, mais le jeune entrepreneur avait d’autres ambitions. Il s’est tourné vers des méthodes de culture biologique pour que ses clients puissent consommer le suc – un produit sans agent de conservation, moins transformé que les gels vendus sur le marché.

Le gel me colle sur les doigts. Les mots me manquent pour décrire la texture de la précieuse substance. C’est collant, gluant, merveilleusement soyeux. Je suis surprise par les effluves subtils de bouillon et d’oignon qui s’en dégagent. Ronaldo me recommande de passer le gel au mélangeur une fois chez moi, puis de verser la mixture dans un bac à glaçons pour le conserver longtemps et en préserver les nutriments. En plus de contribuer à la régénération de la peau et à soigner les brûlures, le gel s’ajoute très bien à un smoothie, pour une bonne dose d’antioxydants.

Alors que j’écris ces quelques lignes, loin de l’effervescence du quotidien, je glisse délicatement les morceaux d’une feuille d’aloe vera sur mon corps, de mes pieds à la pointe de mes cheveux, en passant par mon visage. La froideur du gel apaise mes mains meurtries par les vents hiémaux. Jamais une soirée de rédaction n’aura pris fin sur une note aussi douce.


Texte : Ariane Bilodeau

Photos : Sylvie Li

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