Des kids pis de la bouffe orange

Je suis né le 1er janvier. La journée la plus frette des années 80. Ma mère n’a pas pu finir le Bye Bye pis la Camaro de mon père a starté quand tous les chars partaient pas ce jour-là. J’allais être un weirdo c’était sûr, né le lendemain du plus gros party de l’année. J’ai toujours eu une relation bizarre avec les partys, d’ailleurs. Peut-être parce que quand j’étais petit, on fêtait pas vraiment ma fête.

10-9-8-7-6-5-4-3-2-1 BONNE ANNÉE! Ah oui! Bonne fête Hugo aussi!

Quand j’avais 9-10 ans, mes parents m’en ont organisé une fête, une vraie, mais le 1er décembre. Un mois avant. Mon équipe de hockey est venue pis mes amis du quartier aussi. Je trouvais que ça faisait beaucoup de monde et que ça parlait fort, et franchement, j’avais hâte qu’ils partent. Y’avait quelque chose de too much dans tout ça.

J’imagine juste que je ne suis pas un party animal. Y’a de quoi d’extrêmement faux, à mes yeux, dans le fait de se réunir et de se forcer à célébrer. En écoutant de la musique forte, en changeant l’éclairage, en buvant de l’alcool et/ou en ingérant de multiples dopes. Pour moi, ce n’est pas ça une célébration. Par contre, quand n’importe quelle équipe de n’importe quel sport gagne un championnat ou qu’un exploit de tout horizon se passe devant mes yeux, je pleure chaque fois devant ma télé quand c’est le temps de la célébration, des félicitations. Voir des humains célébrer leurs efforts, leur vie, leurs sacrifices, leur chance m’émeut au plus haut point. Canon de confettis.

Je pense que je catche juste pas tant que ça les partys d’adultes. « Être sur le party »... Le concept même m’échappe.

Stéphane, c’est vraiment un gars sur le party!

Sur le party? On dirait que souvent « le party » veut plutôt dire « perdu ben raide ». Je le sais, j’ai déjà été perdu ben raide moi-même.

Par contre, depuis que j’ai des enfants, et contrairement à beaucoup de gens de mon entourage, j’adore les fêtes d’enfants. Celles de MES enfants, on s’entend. Celles des autres, j’aimerais plus ça si les parents n’étaient pas là. Ça a l’air dark comme ça, mais j’aime souvent mieux hanger out avec les enfants qu’avec leurs parents. J’aime avoir des conversations courtes et punchées dont le but est de faire rire. J’aime pouvoir parler de choses qui ne sont pas ancrées dans la réalité. J’aime regarder le ciel.

J’adore l’orangeade, les crottes de fromage, les Doritos (toute la bouffe orange, dans le fond), les jujubes, les ballounes, Taylor Swift, faire du sport pendant 4 heures, les jouets, voir la face d’un enfant qui tripe ben raide sur la carte de Connor McDavid qu’il a pognée dans son paquet d’Upper Deck. J’adore les Ninja Turtles, le skate, les articles de sport, les gadgets qui font de la lumière, les jeux vidéo, les toutous, Hello Kitty, Monster High, les Barbie, les films d’animation, aller jouer dehors. J’aime rire. J’aime faire rire. J’aime les chats et j’aime plus que tout voir un chat sur un enfant.

Les parents, je sais pas quoi leur dire. Je suis maladroit et je connais presque rien qui intéresse les plus vieux. J’aime ça parler de hockey, mais pas avec les adultes qui répètent juste ce qu’ils ont entendu à la radio le matin. Ils ne remarquent pas la couleur de tape sur les bâtons des joueurs et les peintures sur les masques des goalers. Les enfants, oui.

Dans le fond, j’aime ça les fêtes d’enfants parce que je peux être qui je suis pour vrai. J’ai pas besoin de faire croire que j’ai grandi moi aussi. Les paiements de char, le vin blanc, les barrages électriques, les députés, la Banque Nationale, les androïdes, les poke bowls, les BTU du BBQ, l’Islande, les manteaux d’hiver... je connais rien là-dedans. J’ai jamais réussi à suivre la game. J’suis lent. Vitesse enfant.

Pis anyway, y’a-tu de quoi de plus beau qu’un enfant qui grandit? Chaque année, on devrait célébrer la plus belle chose qui existe au monde. En espérant qu’en célébrant l’enfance, l’adulte qu’il deviendra se souviendra qu’il a déjà été jeune. Parce que c’est aussi ça le problème de ma relation avec les plus vieux; ils trouvent pu ça magique les confettis. Ils peuvent s’en payer quand ils veulent.

Ah non, je ne célèbre pas ma propre fête, moi

On entend souvent ça aujourd’hui. Comme si c’était rien. Le cynisme, même dans la célébration de la vie. Pourtant, des fêtes on n’en a pas tant que ça. La plupart des humains vont avoir moins de fêtes qu’il y a de matchs des Canadiens dans une saison. Pourtant on écoute toutes les games du CH, même quand ils sont fucking poches. Mais les fêtes, non.

Anyway, j’ai déjà assez de partys. J’suis brûlé.

Mais c’est des partys de quoi au juste les vendredis/ samedis dans un bar random à se défigurer la coconut à grands coups de poison doux?

Moi j’ai switché de bord. Je suis un gars de party à c’t’heure. Des vrais partys. Je célèbre les fêtes de mes enfants comme si c’était une conquête de la coupe Stanley. Moi pis ma blonde, on met le paquet en se croisant les doigts pour que nos enfants restent des enfants toute leur vie. Qu’ils ne meurent pas avant de mourir.

Pis depuis une couple d’années, ben je me fais des fêtes moi too. Pis à mes amis aussi. Je me reprends pour toutes celles que j’ai pas pu avoir à cause de ma date de nono. J’invite du monde que j’aime pis je leur dis que je les aime, pis dans ma tête je me dis : « Wow! Une autre année sur la Terre avec plein de monde magnifique, des slap shots, des bébés loups, des nachos, la lune, des films en 3D pis des vieilles Cadillac. Tout ça existe pour vrai. Quel privilège d’être en vie. »

J’espère que cette année, à ma fête, mes amis vont apporter de la bouffe orange pis traîner leurs enfants!

Previous
Previous

Royaume secret

Next
Next

Sayulita : village-confettis