La soif bleue du coeur esseulé

La force de l’eau lui vient des vents et des marées, de la lune qui l’attire et la repousse. Elle fait tanguer ce qui se couche sur son dos, s’élève haut dans les airs et s’écroule en son fond, se déroule et fait naître la plus belle des dentelles, souple, blanche et éphémère. Le ressac de l’ivresse vient mourir en ses baies, se buter aux rochers et s’y accrocher juste le temps de se réjouir, une dernière fois, de sa véhémence salée. En son cœur indigo, la mer ressasse sans fin son littoral sablonneux, retournant chaque caillou, chaque coquillage dans l’espoir d’y retrouver quelque souvenir scintillant. Et c’est dans ce mouvement continu, dans le tourbillon des courants, que se perdent les morceaux de verre, que s’effritent leurs arrêtes exiguës, qu’ils se façonnent, qu’ils renaissent, opaques et polis, dans leur forme oblongue. C’est dans leurs teintes de vert, bleu et turquoise qu’ils trompent la mer et lui font croire, dans son émerveillement infini, qu’ils sont les pierres précieuses qu’elle s’épuise et s’assèche à retrouver.


Texte

Hélène Mallette

Photos

Gab Scanu, @gabscanu

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